La pédophilie au féminin : le tabou des tabous

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La pédocriminalité féminine n’est plus un aparté dans l’énumération des sévices sexuels commis sur des mineurs, bien que difficilement chiffrable encore c’est une réalité : sa prévalence oscille entre 1,5 et 4% des procès jugés au Canada en 2000 (1) et aux Etats-Unis entre 1991 et 1996 (2). Si son examen réfléchi est encore trop récent pour être exhaustif, les chiffres balisent quelques grandes lignes d’observations même si les auteurs s’expriment encore au conditionnel. Les faits concerneraient à part égale des enfants en bas âge et des préadolescents (3). A propos des plus petits, la cohabitation et la proximité tactile et affective qui les lient à l’adulte qui subvient à leurs besoins sont des circonstances propices à l’érotisation illicite : la mère incestueuse, agissant seule vis-à-vis d’un ou de plusieurs de ses fils, représenterait la moitié des cas signalés. Le voisinage domestique inspire aussi des proches, des baby-sitters… et des grandes sœurs. L’âge des coupables oscille en effet entre 15 et 30 ans. La victimisation des 7-12 ans serait marginale (4).
La pré puberté constituerait une contingence favorable à l’autre grand type d’agressions visant en majorité cette fois les jeunes filles, perpétrées par la mère ou des proches, secondées ou contraintes par un complice masculin. S’il s’agit du père, l’effet dévastateur est extrême. On s’accorde à penser que la femme pédophile a généralement été victime elle-même de telles violences, qu’elle a pu être instrumentalisée par un prédateur qui l’assujetti à ses pulsions, qu’elle réagit au joug d’une grave mésentente conjugale, qu’elle agit sous l’effet de toxiques psychotropes ou encore, qu’elle présente des signes de souffrance psychiatrique. Finalement un homme est présent dans 1/3 des cas de pédophilie féminine (5) et cette promiscuité complique l’évaluation des seuils de responsabilité de chacun et la conduite des protocoles de prise en charge préventive.
Notes
1. Canadian Centre for Justice Statistics.
2. Données du National Incident-Based Reporting System recueillies par Howard Snyder
3. FORD Hannah : Women Who Sexually Abuse children. John Wiley Publisher. 2006.
4. TARDIF MONIQUE & LAMOUREUX Bernadette : Les femmes responsables d’abus sexuels, refus d’une certaine réalité. Revue de psychiatrie et psychologie légales, n° 21, 1999.
5. VANDIVER Donna M.: Female Sex Offenders : a Comparison of Solo Offenders and Co-offenders. Violence and Victims, volume 21, n° 3, June 2006.a

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