L'érotisme et la pornographie n'ont strictement rien de commun. On ne peut donc pas parler de différence entre ces deux notions car elles sont totalement dissemblables.
ÉROTISME :
L'érotisme c'est tout ce que l'intelligence humaine permet d'investir dans la sexualité pour qu'elle devienne sublime.
L'érotisme c'est ce qui va rendre tout simplement humain un comportement hautement programmé chez les primates et les mammifères.
L'érotisme c'est la part d'humanité qui peut être observée dans un comportement sexuel. C'est une fonction originale que l'animal ignore.
L'érotisation de la sexualité est aussi fondamentale que la religiosité, la spiritualité.
L'érotisme c'est toute la part spirituelle qui s'annonce dans la sexualité humaine.
C'est bien pourquoi un sexologue, un érotologue est parfaitement à l'aise avec la pensée religieuse. La quête de l'humain dans la sexualité inspire un travail de dépassement de soi appelé érotisme pour faire que ce comportement sexuel qui est un rappel indirect de notre nature bestiale, s'efface au profit du sens.
Pour cela plusieurs outils sont disponibles, notamment l'imaginaire. L'érotisme est une esthétique philosophique de la sexualité.
On va donner aux instruments, au corps, des attributs les plus complets possibles pour effacer toute trace du rapport au singe.
La sexualité humaine a pour racine la spiritualité, et pour objet de cette spiritualité, l'érotisme.
L'érotisme donne du sens à une sexualité qui, par elle-même, n'a pas de sens, sinon de signifier que nous sommes en bonne santé !
Nous devons refuser de parler de sexualité, dès lors que nous ne parlons plus de procréation.
On pourrait parler de sexualité érogène.
La sexualité humaine est double, avec une fonction de procréation et une fonction érotique, alors que la sexualité animale est simple, réduite à la fonction de procréation.
Dans la sexualité humaine, l'objet de la fonction érotique est de donner du sens à la génitalité. Or, donner du sens passe prioritairement, mais pas exclusivement, par un événement incroyable : la jouissance, l'orgasme. C'est introuvable chez l'animal, l'orgasme est inconnu du monde animal.
La jouissance vient mettre la pagaille dans la fonction érotique. Une partie de la fonction érotique va être polluée par la recherche de jouissance.
L'erreur, c'est la jouissance de la femme. Les hommes ont une jouissance orgastique naturelle, face à des partenaires femmes qui ne l'ont pas naturellement. L'objectif érotique d'un homme, c'est de refréner l'automatisme de sa jouissance, de différer le moment de l'éjaculation. C'est un processus facultatif qui consiste à lutter contre sa nature, à refréner des réflexes programmés.
Le projet érotique de la femme est qu'il faut arriver à jouir, ce qui est également contre nature pour elle.
Le couple hétérosexuel éprouve un pari impossible entre ces deux projets érotiques. La fonction érotique est une fonction élitiste qu'il faut apprendre à exciter.
PORNOGRAPHIE :
C'est un des outils d'accès à la jouissance.
C'est donc une fonction de l'érotisme qui va s'appuyer sur d'autres structures que la pensée humaine pour créer une tension du désir particulier dont le but est d'en jouir.
Quel itinéraire ? Dans notre réflexion universaliste, la pornographie ne peut être étudiée que dans une culture monothéiste car la base de l'excitation c'est la castration, et la castration dans son versant masculin exclusivement.
Dans une culture animiste ou polythéiste, la castration peut se trouver d'autres voies. Par exemple, la peur de la castration peut se greffer sur l'angoisse totémiste.
L'épouvante pornographique pour les monothéistes, n'a pas cette dimension. Elle va se focaliser sur la partenaire. La femme est totémique.
Se faire peur avec la sexualité s'appellera la pornographie. Pour certains hommes, ce qui est excitant ce n'est pas d'être cajolé, c'est d'être menacé.
Il y a une épouvante de la castration chez l'homme : Est-ce que je vais être à la hauteur ?
Comment une femme peut-elle être épouvantable ? Ce qui est en cause c'est la béance féminine. Pour faire peur à l'inconscient masculin, il faut que la femme donne des signes d'ouverture, de béance, de creux. C'est ce que l'on appelle le symbole vaginal.
La femme vient déclencher l'angoisse de la pénétration en manifestant son ouverture et sa disponibilité.
Dans la pornographie interviennent d'autres phénomènes : la prostitution peut être remplacée par le voyeurisme, un film excitant. Les documents pédophiles ont été remplacés par les documents zoophiles.
Dans les sex-shops il y a 50% de clientèle féminine.
La pornographie à usage féminin est une provocation. Elle ne met pas en jeu l'épouvante castratrice mais il y a identification. Ça les excite ou ça les dégoûte mais elles ne se sentent pas menacées, il n'y a rien de mis en jeu intérieurement. Pour elles il n'y a pas d'épouvante.
Une femme est intéressée ou non par la pornographie alors qu'un homme est toujours interpellé.
Pour qualifier une image de pornographique il faut trois signes.
Un signe : image esthétique ( ex : un beau regard ou une belle bouche )
Deux signes : image érogène ( ex : regard et bouche ouverte )
Trois signes plus un signe de béance : image pornographique ( ex : position des jambes, bouche ouverte et regard, bras levés...)
La pornographie est parmi nous.
SEXOLOGIE :
La sexologie est une sexologie laïque. Alors comment en parler à un public essentiellement chrétien ? Que peut-il y avoir de chrétien dans la sexologie ? Dans ce domaine, y-a t'il adéquation entre la foi et d'autres cercles laïques ?
La vie amoureuse est de l'ordre du domaine privé. On ne peut donc pas parler de thérapeute de couple mais de thérapeute de couple conjugalisé ou de couple marié ou de couple fiancé …
Le thérapeute conjugal sera donc le thérapeute d'un état du couple, éventuellement chrétien et il ne pourra pas prendre de la même façon un couple aléatoire ou un couple solide en raison justement de cette privatisation de la vie amoureuse.
Il faut donc résister à la tentation de laïciser la sexologie et avoir un discours sur le sens.
A quoi ça sert d'aimer ?
A quoi ça sert d'être une femme (un homme) dans les circonstances actuelles ?
Qu'est-ce qui vous fait femme ? Qu'est-ce qui vous fait homme ?
Qu'est-ce qui vous fait homme alors que vous êtes impuissant ?
On ne peut pas quitter un rituel sans un autre rituel. C'est interminable (cf. problème du PACS aujourd’hui)
Ce qui va le plus abîmer une femme c'est de ne pas pouvoir se reconstruire.
Comment se haïr convenablement ?
Comment clore une situation qui n'a pas commencé ?
La sexualité érogène est mise au premier rang des objectifs des couples, or ce n'est pas la priorité.
Tout le monde est pauvre, voire relativement nul devant la quête de jouissance.
L'éjaculation prématurée est normale.
La sexualité à laquelle on fait allusion est une sexualité métaphysique.
Le sentiment amoureux sert d'alibi pour ne pas voir les difficultés. C'est un indicateur de lien. Il sert à neutraliser le dégoût que l'on s'inspire les uns aux autres.
L'amour va permettre un corps à corps qui serait totalement intolérable sans lui.
Aimer quelqu'un c'est tendre vers un mélange, c'est purifier le corps à corps.
Le sentiment amoureux se transforme en attachement qui, lui, n'autorise pas la même neutralisation du dégoût que la fusion amoureuse. C'est autour du dégoût et de la violence (primate) que se constitue un contre-pouvoir qui est le sentiment amoureux.
On ne peut espérer humaniser notre héritage primitif qu'en donnant du sens, d'où le sentiment amoureux.
L'instinct seul ne suffit pas à faire le bon choix de partenaire. Le sentiment amoureux n'a aucune valeur sélective durable. Si c'est le seul critère de choix, il pourra conduire neuf fois sur dix à l'échec.
Comment entrer en rapport intime avec autrui ?
Être amoureux (sens, émotion, tolérance inimaginable, l'amour rend aveugle, sourd )
Le désir érotique : ce qui peut plaire c'est d'être dégoûté, de transgresser ce qui, normalement ne plairait pas.
Exemple : Jeune homme de 20 ans qui ne désire que des femmes de 50 ans. C'est la réalisation d'un fantasme. Ce qui fonctionne dans la relation érotique dans ce cas, c'est le contraire de ce qu'il vivrait dans la relation conjugale.
On n'a pas accès aux "coulisses" de la sexualité. Les motivations et le choix du partenaire peuvent être ambigus.